La science, langage commun du développement

Cette année, la conférence « Partage du Savoir en Méditerranée » se tient à Malte du 5 au 8 mai. Cet événement, organisé par la Fondation Partager le Savoir, est le sixième d'une série de conférences dont le but est de promouvoir le dialogue entre les pays du bassin méditerranéen grâce au langage de la science. Aujourd’hui, John Ellis, l’un des conseillers du CERN pour les relations avec les États non-membres, a annoncé que le Laboratoire, qui est l’un des partenaires de la Fondation, était prêt à faire don de plusieurs centaines d’ordinateurs à différentes universités marocaines pour les encourager à participer à la physique des hautes énergies et à la grille de calcul.

 

Les scientifiques du CERN, incluant John Ellis et Patrick Fassnacht, ont participé à la 6e édition de la conférence « Partage du Savoir en Méditerranée » à Malte, le 6 mai.

Ce geste de soutien envers l’Afrique du Nord a été dévoilé à l’occasion de la sixième édition de la conférence « Partage du Savoir en Méditerranée ». Reprenant un grand nombre des principes directeurs du CERN, la rencontre est axée sur le partage des connaissances scientifiques au travers des frontières politiques, culturelles et géographiques. Aucun sujet comportant un aspect scientifique n’est écarté, qu’il s’agisse de la mise au point de réseaux de communication intercontinentaux, du dessalement de l’eau de mer, du développement de la recherche fondamentale ou de la gestion des catastrophes humanitaires.

Cette année, la conférence a attiré un public varié, à savoir le premier ministre de Malte Lawrence Gonzi, des employés du secteur privé de l’énergie, des chercheurs en science, des fonctionnaires d’État et des représentants d’ONG. « Notre objectif est d’inviter les pays de la Méditerranée qui ont déjà tissé des liens en matière de recherche fondamentale, que ce soit par le biais du CERN ou de celui du projet SESAME, à résoudre des problèmes qui touchent leurs citoyens au quotidien », a expliqué l’ancien Cernois Robert Klapisch, président et père de la Fondation Partager le Savoir. Les participants sont certes issus de différentes cultures, mais les objectifs communs poursuivis sur le plan scientifique ont fait de ces conférences des lieux de discussion productive ». La conférence est organisée cette année avec le soutien du Conseil pour la science et la technologie de Malte, dont le directeur, Nicholas Sammut, a lui aussi travaillé au CERN par le passé.

La première conférence sur le partage du savoir a eu lieu au CERN en 2004. Selon John Ellis, membre du Conseil de Fondation, « ces rencontres sont l’occasion pour le CERN de prendre contact avec ses partenaires nord-africains tout en étudiant la possibilité d’entamer de nouvelles collaborations avec d’autres pays intéressés. Chaque conférence est une chance rare de voir autour d’une même table des représentants d’Israël, de Palestine et de Jordanie en train de débattre de solutions scientifiques pratiques au lieu de se quereller. »

Mais il ne s’agit pas de se contenter de discuter ! Si les conférences sur le partage du savoir contribuent à renforcer le dialogue entre les régions, les participants sont également invités à formuler des recommandations concrètes. « Lors de la conférence de 2004, plusieurs chercheurs nord-africains ont fait part de leur difficulté à obtenir un visa, explique Robert Klapisch. La solution a été trouvée avec la Charte européenne du chercheur, qui permet aux chercheurs de circuler librement dans l’Espace européen de la recherche, et ce quelle que soit leur nationalité. »

Le don d’ordinateurs que le CERN s’apprête à faire est un autre exemple des résultats concrets que peut produire la conférence. Il constituera une aide précieuse pour la communauté croissante des physiciens au Maroc, pays qui a entamé sa relation avec le CERN en 1997 en devenant membre de la collaboration ATLAS. « Nous sommes persuadés que la communauté scientifique du Maroc va participer de plus en plus aux recherches dans le domaine de la physique des hautes énergies », indique John Ellis. Abdeslam Hoummada, porte-parole du Maroc au CERN, a déclaré : « Au nom de la communauté de la physique des hautes énergies de cinq universités marocaines, je remercie le CERN pour ce don qui renforcera notre participation à ATLAS et à la grille de calcul. » Si cette collaboration s’avère fructueuse, le CERN est prêt à envisager de donner des ordinateurs supplémentaires à d'autres groupes de physique des hautes énergies en Afrique du Nord.

Ce don est un geste qui répond à la fois à l’esprit de la conférence et à la mission scientifique internationale du CERN. « Nous espérons que ces ordinateurs permettront d’établir un grand centre de calcul pour la grille au Maroc, confie John Ellis. Et j’ai bon espoir que ce sera le premier d’une longue série dans le bassin méditerranéen. »

par Katarina Anthony