L’African School of Physics, une première en Afrique

La première African School of Physics (ASP2010), une nouvelle école de physique alliant apprentissage scientifique et transfert de technologie, va être organisée en Afrique du Sud avec le soutien de différents instituts et laboratoires d’Europe et des États-Unis. La principale organisatrice du projet, Christine Darve, ingénieure spécialiste des accélérateurs de particules au Laboratoire Fermi travaillant actuellement au département Technologie du CERN, nous en dit plus sur la mission du programme.

C’est à l’occasion d’une réunion «Physique sans frontières» à Sarajevo, dont elle était la secrétaire, qu’est née véritablement la passion de Christine Darve : aider les plus défavorisés à bénéficier des progrès de la science. Plus tard, sa rencontre avec Steve Muanza, un physicien d’origine Congolaise, lors d’une visite de ce dernier au Laboratoire Fermi en 2004, l’a décidée à entreprendre les premières démarches en vue de la création d’une école de physique qui apportera en Afrique les connaissances scientifiques et le transfert de technologie en provenance d’instituts européens et américains. Steve Muanza, qui est physicien à l’IN2P3, le Centre de physique des particules de Marseille, est le directeur de cette première École de physique d’Afrique, qui se tiendra du 1er au 21 août au National Institute for Theoretical Physics (NITheP) de Stellenbosch, près du Cap.

« Au CERN, la physique est une aventure mondiale. Pourtant, peu de scientifiques africains y participent, explique Christine Darve. En Afrique, il n’y a pas beaucoup de professeurs de physique à l’école et à l’université, ce qui fait que beaucoup d’Africains partent étudier à l’étranger, notamment en Europe et aux États-Unis. » Sur les 51 chercheurs africains qui travaillent actuellement au CERN, 18 seulement ont été formés en Afrique. « Les pays d’Afrique subsaharienne sont sous-représentés dans les collaborations du CERN, confirme John Ellis, conseiller pour les relations avec les États non-membres. Cette école d’un genre nouveau aura notamment pour objectifs de renforcer les collaborations existantes, de consolider celles qui sont en train de se nouer et peut-être d’en établir de nouvelles. »

Sur les 150 étudiants à avoir posé leur candidature, 59 ont été retenus pour participer au programme. « Parmi ces étudiants, 40 sont originaires de 17 pays africains, neuf viennent de l'Université de Stellenbosch, et 10 proviennent de pays non africains, comme les Pays-Bas, le Canada et l’Espagne », explique Christine Darve. Tous les étudiants africains se verront rembourser la totalité de leurs frais de voyage ; en effet, l'école reçoit le soutien financier de différents instituts d'Europe et des États-Unis. « En plus de son généreux soutien, le CERN couvrira les frais de déplacement de plusieurs conférenciers de talent, et le Laboratoire Fermi offrira deux bourses internationales », poursuit Christine.

Le programme de l’École est centré sur trois thèmes principaux : la physique subatomique théorique ; la physique subatomique expérimentale ; les accélérateurs et la technologie. Pendant la dernière semaine, les étudiants passeront deux jours au Laboratoire sud-africain iThemba. « Le Laboratoire iThemba dispose de cyclotrons et d’un programme de R&D basés en Afrique du Sud. On y étudie également les applications médicales, poursuit Christine. Nous avons reçu une demande de l’Université de Stellenbosch pour deux programmes, le premier centré sur le confinement magnétique et le second sur le rayonnement synchrotron. » Un cours pratique en laboratoire sera l’occasion pour les étudiants de s’initier à l’utilisation d’instruments de détection, et la dernière journée (Forum Day) permettra de s’informer sur le transfert de technologie, notamment par le biais de conférences et de liaisons vidéo avec le CERN.

« Il est important que l’école, qui est axée sur les applications et les accélérateurs, se termine d’une manière qui la relie au monde extérieur, ajoute Christine. Nous souhaitons pouvoir intéresser les gens sur place, tout d’abord parce que la physique est une chose merveilleuse, mais aussi parce que c’est l’occasion pour nous de partager nos connaissances, afin que la société tout entière puisse en profiter. »



Vous trouverez le programme complet de l’école ainsi que la liste des sponsors et des intervenants et les modalités pratiques à l’adresse suivante : http://AfricanSchoolofPhysics.web.cern.ch/


par Carolyn Lee