Interconnexions : mission accomplie !

La dernière interconnexion d’arc du secteur 1-2 a été effectuée le mercredi 7 novembre, marquant le terme de l’énorme projet de connexion du LHC.

L’une des dernières soudures pour les interconnexions des arcs du LHC.

Le dernier boulon pour la dernière interconnexion des arcs du LHC vissé symboliquement par le Directeur général du CERN, Robert Aymar.

Le mercredi 7 novembre, dans les profondeurs du tunnel du LHC, Robert Aymar, le directeur général du CERN, a vissé un boulon spécial plaqué or, le dernier du secteur 1-2, pour marquer l’achèvement de l’interconnexion de tous les arcs du LHC. Une étape décisive du projet a ainsi été franchie, qui laisse apparaître combien le démarrage de la machine est imminent. Une fois la dernière interconnexion terminée, les centaines de personnes qui ont participé au projet ont été invitées dans le Globe pour un pot de remerciements et félicitation.

La tâche était titanesque et sa réalisation, selon les mots de Lyn Evans, est une réelle prouesse. L’année dernière, à la même date, un seul secteur (le secteur 7-8) avait été achevé. Aujourd’hui, tous les huit sont prêts. « C’est un véritable exploit. Pour moi, le plus dur est derrière nous. Beaucoup de personnes pensaient que nous n’y arriverions pas… et nous y sommes arrivés ! »

Au total, quelque 1700 aimants ont été interconnectés, ce qui a exigé environ 65000 raccords électriques de câbles supraconducteurs et 40000 soudures étanches (représentant 10 km !), pratiquées par soudage au tungstène sous gaz inerte pour protéger le bain de fusion de toute oxydation. Les exigences de qualité sont élevées : la découverte d’une fuite dans le système cryogénique ou d’un défaut dans une ligne électrique après le refroidissement du secteur exigerait de le réchauffer pour le réparer, un processus long et coûteux.

La montée en puissance de la production a été possible grâce à une coordination poussée, qui a permis de travailler parallèlement sur plusieurs secteurs (jusqu’à six !) simultanément, avec des transmissions serrées entre les équipes, y compris pour les inspections de la qualité et les essais électriques et sous vide. Pour garantir que les problèmes de qualité puissent être résolus aussi vite que possible, le personnel du CERN a même établi un centre d’appels joignable en permanence. Ainsi, il était possible de s’attaquer aux problèmes sitôt qu’ils se présentaient. « Pour gagner en efficacité, il était essentiel de supprimer les obstacles susceptibles d’empêcher les entreprises de faire leur travail », explique Francesco Bertinelli, le chef du projet Interconnexions. En assumant les interventions « spéciales », le personnel technique du CERN a permis au groupement IEG de se concentrer sur l’essentiel de l’activité et de poursuivre le travail le plus vite possible.

La motivation a été un facteur clé : « Ces dernières années, plusieurs personnes se sont investies dans ce projet sans beaucoup s’inquiéter de leur calendrier ou de leur horaire personnels », explique Francesco Bertinelli. Au plus fort de l’activité, 200 personnes y travaillaient, soit une centaine du groupement et une centaine du CERN.

Interconnecter des aimants exige d’organiser toute une série d’activités et de faire appel à de nombreuses compétences spécialisées. Le travail de conception et de préparation, qui a commencé il y a des années, était essentiel pour que la phase de production se déroule sans heurt. Plusieurs équipes ont dû apprendre à travailler ensemble, alors qu’elles venaient de groupes et de départements différents et comptaient du personnel CERN, des attachés de projet de la collaboration CERN-HNINP Cracovie et du personnel d’entreprise. « Le personnel n’a jamais relâché son engagement et il régnait un excellent esprit de collaboration et de respect mutuel entre toutes les équipes », souligne Francesco Bertinelli.

Il reste maintenant à parachever les raccords des dernières sections spéciales, dans lesquelles le faisceau est injecté, extrait ou guidé jusqu’à une expérience. Lorsqu’elles seront terminées, la boucle sera bouclée. « On ne peut bien entendu pas exclure d’éventuelles surprises, reconnaît Lyn Evans, mais nous pouvons être optimistes, car les équipes ont prouvé que, ensemble, elles pouvaient faire face à des problèmes inattendus aussi rapidement qu’efficacement ».

Le secteur 4-5 est en cours de refroidissement jusqu’à 1,9 K et quatre autres secteurs devraient commencer le refroidissement d’ici à la fin de l’année. Une fois les essais électriques et de vide menés, le secteur 1-2 sera l’un d’eux. Le boulon doré ne sera alors plus que l’une des centaines de milliers d’interconnexions essentielles au bon fonctionnement du LHC.